L’été dernier j’avais décidé de découvrir, l’ile de Crête, sac sur le dos. Au détour d’un chemin, je croisais un vieux pâtre qui surveillait son troupeau de chèvres. Gentiment il m’offrit l’hospitalité autour d’un fromage, accompagné d’un verre d’huile d’olive, régime méditérranéen oblige. Au bout d’un instant il m’interrogea. « Alors ça gaze à La Saudrune? ». Pas de sweat, pas de tee shirt aux couleurs du club (je viens de passer commande), comment a-t-il deviné? Me voyant interloqué, il me répondit qu’il lisait l’avenir. Il rajouta, vous irez gagner à Pézenas mais vous perdrez à domicile votre dernier match de l’année contre Sud toulousain. Mais comment savez vous, la fédé n’a pas encore composé les poules, lui lançais-je abassourdi. Sa réponse fut brève. « Je sais ».
Je ne sais toujours pas ce matin, si j’ai vraiment croisé ce berger.

P….. de pâtre, il a quand même vu juste, quoi qu’on en pense.

Il faut avouer que nos joueurs Bélascains ont quand même mis tous les ingrédients pour …. ne pas gagner ce match important qui pèsera lourd pour le reste de la saison.

La prépa dans la semaine fut comment dire…chaotique.  Des absents à l’entrainement, même s’il commence à 20h, ce qui devrait permettre de s’adapter, et une mise en place vendredi où ça bavarde, où la concentration n’est pas au rendez-vous. Les coachs ont déjà prévenu plusieurs fois. Si ça continue, on arrête. Alors comme de jeunes enfants qui cherchent à tester les limites, on continue à déconner. La sentence tombe. On ramasse les plots, on coupe le jus et bye, bye. Et ouais les mecs, vous l’avez quand même cherché. C’est comme quand l’arbitre prévient « lâché » et que vous continuez à disputer le ballon, jusqu’à ramasser une pénalité. Celle-ci n’a pas couté trois points mais peut-être la gagne, dimanche.

La rencontre se tenait sur notre stade « fétiche » de Villeneuve. Juste à côté du stade avec des tribunes, et où très bientôt nous pourrons enfin faire la feuille de mouvements au bord du terrain, à l’abris de bancs de touches tout neufs.

Saint-sulpice, pour la circonstance a renforcé, son équipe avec deux joueurs espoirs, dont un qui joue en fédérale1 et qui nous fera bien des misères.

Chaque équipe aura sa mi-temps. La Saudrune rentre dans la partie tambour battant. Ça plaque à tout va. Nos deux centres tel que des bûcherons canadiens, découpent tout ce qui se présente. Coach yannick me fait remarquer, que les bouchers savent aussi très bien découper et il sait de quoi il parle.  Même notre 9 se jette dans la bataille et semble prendre un certain plaisir d’aller « au farnac ». Les Saint sulpiciens sont au supplice. Ils reculent alors qu’ils sont à l’attaque. Ils commettent des fautes et notre 10, Nathan ouvrira le score sur une pénalité à la 13 ième minute. Un instant après captain Max, ira à l’essai bien servi par Dylan. Tel un cheval fougueux inatteignable, il ira aplatir au pied des poteaux, rendant comme une simple formalité la transformation. 10 à 0. Saint Sulpice subit et se heurte à une défense inébranlable. Il faut engranger des points car nous avons l’avantage de jouer avec le vent. Une pénalité plutôt dans les cordes de notre 10, ne sera pas passer de peu. Sacré vent fripon à faire soulever un jupon comme le chante si bien Brassens. Il sera aussi dommage, par excés de gourmandise de ne pas avoir su négocier un 4 contre 1, synonyme d’essai à coût sûr. D’autant que depuis la 35ème St Sul joue à 14 après avoir écopé d’un rouge sur une brutalité.

Ces points laissés en route nous coûterons chers en fin de match.

La mi-temps arrive mais sans rassurer nos coachs. Des garçons tirent tellement la langue que notre soigneur Eric redoute, que certains marchent dessus avec leurs crampons.

Comme dit Philippe notre manager plutôt agaçé par ce manque de conditions physiques de certains garçons,  » on joue comme on s’entraine ». Inutile de vous dire que certains regardent leurs pompes. D’autant que d’autres ont tendance à situer la 3ème mi-temps la veille ou l’avant veille d’un match. Donc un cocktail sans alcool qui fait que dans un sport aussi exigeant que le rugby, sans entrainement et condition physique éphémère, on ne peut pas longtemps rivaliser.

L’entame est catastrophique. sur la première action le 10 adverse contourne notre défense, sans opposition et marque un essai entre les poteaux transformé immédiatement. Non seuleument on n’a pas su tuer le match en première mi-temps, mais en plus on remet l’adversaire sur les rails. (parole de cheminot). On n’y est plus. Deux pénalités supplémentaires et c’est maintenant Saint Sulp qui est devant. Sur le banc ça s’agite. « Tape au cul pour nettoyer », « tout le monde dort, devant, derrière ». Les remplaçants ont pour mission de « secouer tout ça ». Mais certains semblent avoir croquer la pomme, la même qui endormit de nombreuses années Blanche Neige.

Il y aura bien une réaction qui nous fera espérer. Trois pénalités transformées nous referons passer devant, mais nous retombons trop vite dans nos travers. Après celui récolté en première mi-temps un second carton viendra un peu plus nous mettre en difficulté. On n’a pas besoin de ça. Les placages sont plus difficilles à réaliser. On ne prend plus aux jambes, on croit qu’en prenant en haut on va arrêter le joueur mais en face ça progresse. On fait des fautes stupides qui nous mettent à portée de fusil. Forcemment quand on n’est plus en canne, on manque de lucidité.  Le 10 adverse se régale, nous amuse. On le regarde jouer, il est dangereux sur chaque prise de balle, accélérant le jeu. A la 76ème minute, patatra. Essai du 10. Coup de pied à suivre dans l’en-but, On ne se saisit pas du ballon, on oublie que la particularité d’un ballon ovale s’il rebondit, c’est qu’on ne sait pas trop où il va aller. Après deux rebonds qui trompent notre 15, c’est dans les bras de ce satané 10 que le ballon attérit pour un essai entre les perches. Il fallait être anglais pour inventer le rugby. Qui d’autre aurait pu penser à un ballon ovale? (Pierre Mac Orlan) La messe est dite. Le cochon est dans le maïs, la cabane est tombée sur le chien. 20 à 16. Une ultime tentative de remonter le terrain se soldera par une faute qui permettra à Saint Sulp de dégager en touche pour la fin de match.

Nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer. Au moment où il aurait fallu puiser dans nos ressources physiques et mentales pour contrer notre adversaire nous avons répondu absent.

Ce match nous ne devons pas le perdre. Nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous mêmes. Une nouvelle occassion de bien figurer au classement s’envole.

Je terminerai par cette citation de Pierre Villepreux, grand joueur mais aussi grand spécialiste et tacticien du rugby. »DANS UNE EQUIPE, IL N’Y A PAS DE PASSAGER, IL N’Y A QU’UN EQUIPAGE ».

A méditer.

Daniel Maury